Le 9 mai a eu lieu la soirée de courtes fictions et films expérimentaux de la deuxième édition du Festival de films féministes de Montréal, chez l’atelier d’artistes la lumière. Nous avons échangé quelques mots avec la fondatrice du festival, ainsi que trois cinéastes qui ont présenté leurs films.
Article et photographies par Laurie-Han Hébert
À propos du Festival de films féministes de Montréal
La mission du FFFM est de présenter de courts films, vidéos, ainsi que longs métrages féministes qui traitent de l’intersectionnalité des luttes et qui inspirent, touchent et divertissent le public, tout en représentant une grande variété de féminismes et de féministes. Les présentations prennent la forme de documentaires, fictions, animations et œuvres expérimentales. Le FFFM se veut inclusif pour toute personne marginalisée et est ouvert aux œuvres réalisées par des individus de tous genres. Le programme varié du festival comprend des œuvres d’ici, comme à l’étranger et nous fait porter une attention particulière aux films réalisés par des femmes, des personnes racisées, autochtones, LGBTQ+ et en situation de marginalité et de minorité. Lors du festival, des contributions volontaires sont demandées à la porte afin d’assurer le bon fonctionnement de celui-ci et le paiement de droits de projections pour les cinéastes.
Pour plus d’information en lien avec le festival, veuillez consulter le site officiel du FFFM : https://fffmontreal.com
Voici un aperçu de la salle du 9 mai: IMG_4476

Entrevue avec Magenta Baribeau, cinéaste et fondatrice du festival
Qu’est-ce qui vous a poussé à entamer ce projet?
Je suis aussi cinéaste donc j’avais été présenté mon long métrage documentaire dans deux festivals féministes à l’étranger, j’ai été à Londres et à Berlin. Donc c’est en visitant des festivals que je me suis dit : c’est tellement merveilleux, pourquoi on n’a pas ça ici. C’est à cause de ça que j’ai pensé qu’il fallait absolument créer quelque chose du genre. Quand j’ai eu l’idée, il n’y avait rien de tel, donc l’année passée on a créé comme ça, en quatre mois, un festival de trois jours; et cette année on voulait que ce soit plus grand et plus élaboré.
Était-ce un travail d’équipe?
Nous avons fait ça en équipe. On était trois Anne-Julie Lalande, Marion Hubert et moi-même, ensuite on était une équipe de dix pour la programmation. Tout le monde est bénévole, personne n’est payé puisqu’on n’a aucune subvention, alors on fait ça par amour du cinéma et du féminisme.
« Tout le monde est bénévole, personne n’est payé puisqu’on n’a aucune subvention, alors on fait ça par amour du cinéma et du féminisme. »
Comment choisissez-vous les films qui sont à l’écran lors du festival?
En fait, on avait déjà planifié certaines soirées. On savait qu’il y allait avoir une soirée autochtone, queer, de fiction et de documentaires. Ensuite, pour les autres films, on a vu qu’il y avait vraiment beaucoup de films afroféministes qui étaient super puissants cette année, donc on a vraiment décidé d’avoir une soirée pour ça. Puis après on a reçu 300 soumissions et on en a gardé 41. On a aussi été cherché certains films dans d’autres festivals féministes. C’est vraiment par rapport au sujet et à l’approche. On voulait aussi montrer des points de vue féministes différents. Il y a toute sorte de féminisme et on voulait vraiment montrer une pluralité de féminismes. On voulait se tenir loin du féminisme blanc qui est justement ce que l’on entend la plupart du temps. On voulait donner une place à toutes les personnes marginalisées, que ce soit par le genre, la couleur de la peau et de toutes les manières. Notre but est d’être anti-oppression et de montrer des films féministes forts.
Est-ce que vous avez l’impression que les thèmes, les voies et les angles différents de tous ces films amènent un public distinct selon les soirées?
En fait, ça se regroupe beaucoup et je pense que les gens qui sont intéressés par une soirée ont tendance à revenir pour les autres en voyant le programme. Pour la soirée afroféminisme, j’étais contente de voir plusieurs personnes racisées qui étaient là. Ensuite, pour les autres soirées, je dirais que c’est très mixte. J’ai hâte de voir vendredi lors de notre soirée queer! J’espère qu’il y aura énormément de personnes queer, mais j’espère aussi qu’il y aura des personnes non queer pour participer à tout ça. C’est ce que je vois dans les soirées. Pendant la soirée autochtone, il y avait peu de personnes autochtones. C’était presque tous des blancs. Sinon, il y a une bonne mixité en général!
Comment pensez-vous contribuer à l’éducation en lien avec le féminisme?
Je pense en fait qu’on voulait éduquer les gens à propos des différents enjeux féministes qui existent, mais aussi montrer que le féminisme peut être amusant. Souvent, le féminisme est lié à la culture du viol, le harcèlement de rue, et toutes ces choses qui sont vraiment difficiles. On voulait quand même des films qui parlent de certains enjeux, mais qui sont aussi drôles, puissants et valorisants.
« Je pense en fait qu’on voulait éduquer les gens à propos des différents enjeux féministes qui existent, mais aussi montrer que le féminisme peut être amusant. »
On peut donc en conclure que vous désirez célébrer le féminisme!
Oui! On ne voulait pas non plus montrer des films trop lourds qui auraient déprimé les gens. Le but était vraiment de célébrer ensemble. Quand un film est plus lourd, on essaie de l’accompagner de quelque chose d’un peu plus léger ensuite, afin de contrebalancer. On peut célébrer ce que les femmes et personnes victimes de la culture du viol font pour justement changer les choses.
Trois cinéastes étaient présentes afin de présenter leurs œuvres :
*Voici la programmation complète du 9 mai 2018 : https://fffmontreal.com/programmation-2018/9-mai-2018/
Rose Stiffarm : Rose Exposed
Durée : 5 min 20
Rose a fait un vol de l’Arizona jusqu’ici, afin d’assister au FFFM et présenter son travail! C’était la première mondiale de son film qui a été tourné à Vancouver l’année dernière.
Le court-métrage de cinq minutes est une vidéo expérimentale au sujet des cercles en relation à son identité autochtone.
« I’m from a lot of different places and my mom grew up in an orphanage so there’s a lot of things I don’t know. I’m trying to learn but, it was very personal for me to make this project. I was editing, and crying and I asked my mom ‘’Mom is this okay? Can I say this?’’ and she was telling me ‘’It’s the truth, you have to say it.’’ » – Rose Stiffarm
Lien pour le vidéo : https://vimeo.com/237266198
Rojin Shafiei : My Pov From Childhood
Durée: 2 minutes
Un film nombriliste.
« I feel like I really use art in a way to face my fear and I simply captured what it is. All the time I felt guilty about my mom’s belly because she gave birth to us, my sister and I. That is my fear. And it was a way to say thank you to my mom. I prefer to do it in an experimental way. » – Rojin Shafiei
Katherine Martineau: En attendant Lou
Durée : 15 minutes
Jess, 16 ans, partage le rêve improbable de faire un road trip en Californie à la sortie de prison de sa grand-mère Lou.
« Mon inspiration c’était les personnages principaux, le duo d’actrices Lou et Jess. J’avais travaillé avec elles en deuxième année de BAC et elles incarnaient des personnages complètement différents, mais j’avais beaucoup aimé l’énergie qu’elles dégageaient. Quand les deux filles jouaient ensemble, il y avait un naturel qui se dégageait et je me suis dit ‘’ Mon dieu, je veux vraiment retravailler avec ces deux actrices-là. Il faut que je m’organise pour les revoir et retravailler avec elles.’’ Je suis donc partie de la dynamique qu’il y avait entre les deux actrices sur le plateau et j’ai créé une relation. Au départ, c’était deux amies, ensuite c’est devenu une grand-mère et sa petite-fille. C’était très important pour moi qu’il y ait une relation entre femmes. » – Katherine Martineau
Lien pour la bande-annonce : https://vimeo.com/215069066
Programmation 2018 :
Cette soirée du Festival de films féministes de Montréal était une réussite en soi et les films présentés étaient tous différents les uns des autres. Ceux-ci nous amenaient à réfléchir, chacun à leur façon. Le public était aimable et a été invité à voter pour le meilleur film. Aussi, des boissons, grignotines et la marchandise à l’effigie du festival étaient en vente à des prix raisonnables.